WFP West Africa
3 min readMay 4, 2021

Cameroun : survivre face à la crise du COVID-19

Une commerçante ambulante dans les rues de Batouri. Photo : WFP/Mayramou Madaki

La pandémie du nouveau coronavirus a entrainé l’imposition de mesures restrictives par les pouvoirs publics. Et les vendeurs ambulants pâtissent de ces décisions du fait d’une augmentation observée du prix des denrées alimentaires.

Batouri, Région de l’Est du Cameroun. Assise en ce samedi matin du mois de mars sur l’une des quatre chaises en plastique du bureau d’une microfinance, Jeanne secoue avec frénésie ses jambes couvertes par son kaba (robe traditionnelle confectionnée en tissu africain). Son visage caché par un masque de protection aux effigies d’une entreprise agroalimentaire, cette mère célibataire de quatre enfants attend avec impatience son tour à la caisse afin de percevoir l’aide financière que lui fournit le Programme alimentaire mondial (PAM) depuis six mois.

En effet, vendeuse ambulante de bananes plantain, Jeanne fait partie des 9110 résidents de 20 quartiers des départements du Lom-et-Djérem et de la Kadeï sélectionnés dans le cadre du programme Cash COVID mis en œuvre par le PAM. Tous les mois, Jeanne perçoit la somme de 45$ dollars américains (soit 25.000 F CFA), devant lui permettre de mitiger l’impact de la crise due à l’apparition du nouveau coronavirus. « Les derniers mois ont été difficiles pour mes enfants et moi » nous confesse Jeanne. « Nos économies se sont rapidement épuisées et nous avons même dû demander de l’aide à nos voisins et à nos familles. Mais ce n’était pas suffisant car tout le monde avait du mal à joindre les deux bouts. Il m’arrivait souvent de passer une journée sans manger » ajoute-t-elle.

Jeanne se ravitaillant en produits alimentaires avec le soutien du PAM. Photo : WFP/Mayramou Madaki

Au Cameroun, les mesures prises afin de réduire la propagation du COVID-19 ont eu pour conséquences un ralentissement de l’activité économique ; se traduisant par une diminution de la circulation des biens et des personnes : de quoi plomber les affaires de vendeurs ambulants communément appelés débrouillards. « Pendant le confinement, les clients sont devenus rares et je ne rapportais plus d’argent le soir à la maison. Sans cette aide financière, je serais morte de faim avec mes enfants. », clame Jeanne

Pas assez pour se nourrir

De son côté, Rosette — assise sous un parapluie aux tissus délavés devant sa maison — n’a pu vendre que trois fagots de bois de chauffe d’un montant total de 1 dollar américain depuis la matinée. Veuve de neuf enfants, son business bat de l’aile depuis la recrudescence des cas de COVID au Cameroun. « Déjà affaiblie par la maladie, les soucis et le ramassage de bois, je ne donnais plus qu’un seul repas à mes enfants, servi les soirs dans une assiette commune », révèle Rosette, en sanglotant. « Tellement la situation est devenue difficile, que mes enfants ont dû abandonner l’école pour chercher des petits travaux au marché », conclue — t — elle les yeux inondés de larmes et la voix tremblante.

De la nourriture pour les enfants de Rosette. Photo : WFP/ADRA

Bien que sa fille aînée se soit lancée dans la même activité économique, Rosette rassure que l’apport financier du PAM lui permet tant bien que mal de payer le loyer de son modeste logement. Un ouf de soulagement, en cette période de crise dont l’augmentation des prix de vivres dans les marchés augure des lendemains difficiles.

Le programme Cash-Covid est une initiative soutenue par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Il vise à soutenir les familles impactées par la Covid-19, vivant dans les centres urbains et péri urbains de la région de l’Est du Cameroun.

Mayramou MADAKI

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