« Les tomates, c’est toute ma vie ! »

WFP West Africa
4 min readApr 6, 2023

par Tijs Magagi Hoornaert

Dans la région aride de Tillaberi, au sud-ouest du Niger, les tomates sont une source inépuisable de revenus financiers. Gambi Karimou, 45 ans, est l’une des pionnières de la production de ce légume. Elle et sa famille vivent dans le village de Satara, à une heure de voiture de Niamey, la capitale du Niger.

Gambie Karimou pose fièrement avec la production de son potager. PAM/Tijs Magagi Hoornaert

« Quand on cultive des tomates, on gagne beaucoup d’argent », dit-elle. « J’ai planté des tomates pour la première fois il y a un an et aujourd’hui c’est toute ma vie ! », a-t-elle précisé.

Un puissant remède à la faim

Pays du Sahel central, le Niger est lourdement frappé par les effets du changement climatique, notamment les sècheresses ou les inondations. Des centaines de familles survivent au jour le jour. L’accès à l’eau est un défi et les aliments nutritifs hors de portée.

Le bétail — principale source de revenus dans ces contrées — dépérit et meurt faute de pâturage ou de points d’eau. Des conflits se multiplient autour des rares pâturages encore disponibles et de l’eau pour abreuver les animaux. Pour des familles comme celle de Gambi, tout n’est pas perdu.

En 2021, le Programme alimentaire mondial (PAM) a installé dans le village un forage à énergie solaire pour booster la production maraîchère. Gambi est maintenant heureuse de cultiver ses propres légumes. Sa famille de sept personnes fait partie des plus de 110 familles, identifiées parmi les plus vulnérables qui cultivent à la périphérie du village. Sur ce terrain qui a la taille d’environ trois stades de football, chaque famille exploite une parcelle d’environ 120 mètres carrés.

Gambi recueille de l’eau d’un réservoir pour arroser ses légumes. PAM/Tijs Magagi Hoornaert

« Sans cette pompe qui nous donne de l’eau en permanence nous aurions beaucoup souffert de la faim. L’eau a été notre remède », explique Gambi qui se souvient que dans le passé, les pluies étaient plus généreuses dans sa région. Les familles qui dépendaient de l’agriculture pluviale avaient des récoltes abondantes qui les nourrissaient pendant plusieurs mois de l’année. Mais tout cela n’est qu’un souvenir lointain. Depuis plusieurs années, les productions agricoles suffisent à peine à nourrir les agriculteurs en raison de la récurrence des sécheresses et/ou des inondations.

Le forage à énergie solaire installé par le PAM, permet alors de mettre à profit les eaux souterraines, auxquelles les familles ont accès grâce à 38 réservoirs disposés dans les périmètres pour arroser les plantes.

« Je cultive principalement des tomates, mais aussi un peu de tout autre légumes : aubergines, gombo, concombres, laitue, moringa, choux, poivron vert, et piment », explique Gambi.

« Avant, je dépensais environ 750 XAF [environ 1,5 dollar] pour acheter des légumes au marché chaque jour. Ce jardin a allégé mon fardeau financier, car je ne dépense plus autant d’argent pour nourrir ma famille. »

En plus de l’installation de la pompe, le PAM met les fermiers en relation avec des marchands qui achètent les légumes directement à partir des fermes pour les revendre dans les villes voisines. Cette assistance du PAM s’inscrit dans le cadre du programme de renforcement de la résilience des personnes affectées par les crises climatiques dans la région de Tillaberi. Ce programme est généreusement soutenu par le gouvernement italien.

Des repas plus nutritifs

Au dernier trimestre de 2022, plus de deux millions personnes au Niger, n’étaient pas en mesure de répondre à leurs besoins alimentaires et nutritionnels de base à cause des effets combinés des conflits armés, des chocs climatiques, et de la hausse des prix des denrées alimentaires.

Pour Gambi, avoir de l’eau pour pouvoir cultiver plusieurs fois dans l’année change la donne. La grande variété de légumes cultivée est riche en nutriments et contribue à l’amélioration des repas familiaux ainsi qu’à l’augmentation des revenus.

L’eau est un véritable remède pour les plantes de Gambi. PAM/Tijs Magagi Hoornaert

« Notre qualité de vie s’est beaucoup améliorée », affirme Gambi. « Avec l’argent que nous gagnons, nous pouvons acheter le poisson et la viande dont nous avons besoin pour une alimentation équilibrée ».

La tomate est l’un des légumes les plus consommés au Niger. Mais pour Gambi, il s’agit de bien plus qu’un légume. C’est l’histoire de toute une vie transformée.

« Quand j’ai entendu parler des tomates, j’étais très heureuse car je savais que j’allais faire une bonne affaire », explique-t-elle.

Depuis dix ans, cette mère de cinq enfants souffrait de douleurs persistantes aux pieds. Grâce aux revenus de sa première vente de tomates, elle a pu payer tous ses soins dans un hôpital de Niamey. Aussi, a-t-elle pu scolariser grâce aux bénéfices issus de l’exploitation de son jardin. Gambi gère aussi chez elle, un restaurant prospère et spécialisé dans les potages à base de moringa.

En 2021, les participants aux activités de résilience climatique dans la région de Tillaberi (en majorité des femmes), ont réalisé près de 5 000 dollars de bénéfice grâce à la production d’un large éventail de légumes. Ce programme est financièrement soutenu par le gouvernement italien, à travers l’Agence italienne de coopération au développement (AICS).

--

--