Mali : « J’ai tout laissé derrière moi … »

WFP West Africa
4 min readDec 31, 2022

Par Mahamadou Abdourhamane

Adiza* mère de famille déplacée, assise avec son enfant sous un hangar.. Photo : PAM/ Aboubacar Sidibé

Dans les zones reculées de la région de Ménaka au Mali, de nombreuses familles sont contraintes de fuir leurs villages d’origine pour se mettre à l’abri des violences communautaires.

« Au moment de l’attaque de notre village, tout le monde était affolé. Tout comme moi, d’autres mamans ne savaient même plus où se trouvaient leurs enfants. C’est seulement le lendemain que nous avons pu les localiser », se remémore Adiza, âgée de 25 ans. Cette mère de trois enfants vivait de l’élevage.

Adiza*, raconte avoir quitté son village laissant derrière elle ses moyens de subsistance, pressant le pas sous un soleil de plomb, la peur au ventre, son plus jeune enfant accroché au dos, un autre tenant sa main et un petit baluchon sur la tête. La plupart des personnes déplacées internes (PDI) sont arrivées au centre-ville de Ménaka dans des conditions similaires, se hâtant de rejoindre une zone plus sûre.

Selon le Cadre Harmonisé de novembre 2022, pour la toute première fois, environ 1 670 personnes dans la région de Ménaka devraient être exposées à un risque de catastrophe (phase IPC 5), durant la soudure agro-pastorale de juin à août 2023. Cette situation est aggravée par les conflits armés et le changement climatique qui provoquent des déplacements massifs de personnes vulnérables dont les moyens de subsistance se sont détériorés.

Une vue du camp de déplacées de Ménaka. Photo : PAM/ Mahamadou Abdourahmane

Dans leur fuite, la plupart de ces familles déplacées arrivent, à destination, presque les mains vides. Pour elles, l’assistance alimentaire et reçue du Programme alimentaire mondial (PAM) représente à la fois un brin d’espoir et un nouveau souffle. Cette assistance est composée des denrées alimentaires de première nécessité comme le mil, le riz, le sucre, le sel, l’huile, les pâtes alimentaires. Elle leur permet de recouvrer leur dignité et une place dans le tissu socio-économique au sein des communautés d’accueil, car soulagées d’avoir droit à une aide humanitaire qui représente tout pour ces PDI.

« J’ai tout laissé derrière moi. Absolument tout. Heureusement que j’ai pu amener mes enfants ici avec moi », explique Adiza, qui fait partie des dernières personnes ayant trouvé refuge sur le site de déplacés.

Adiza* et son enfant au camp de déplacés à Ménaka. Photo : PAM/ Aboubacar Sidibé

L’aide humanitaire comme bouée de sauvetage

Si certaines PDI sont installées sur des sites de déplacés, d’autres sont hébergées par des familles au sein des communautés hôtes. L’afflux de déplacés internes constitue un poids énorme pour les ménages résidents qui partagent avec elles leurs ressources.

« J’ai dû accueillir plus de 20 personnes déplacées chez moi. Une majorité de femmes avec leurs enfants, la fatigue, la faim et la soif aux talons », témoigne Mahamane, hôte de quelques personnes déplacées à Ménaka.

Un geste de soutien des communautés d’accueil qui, pourtant, exacerbe leur vulnérabilité face aux chocs climatiques et conflits, en plus du poids de la hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché local.

« Sans l’assistance alimentaire du PAM, je ne saurais quoi faire après avoir utilisé mes économies pour les soutenir », dit-il, soulagé.

Quelques ustensiles de cuisine et effets personnels d’Adiza*. Photo : PAM/ Mahamadou Abdourahmane

C’est ainsi que, tout comme prévu pour Adiza et ses enfants, les familles accueillies par Mahamane ont bénéficié de l’assistance alimentaire d’urgence du PAM destiné aux ménages déplacés internes au Mali.

« Chaque ménage a reçu du riz, de l’huile végétale ainsi que d’autres vivres et condiments pour répondre à leurs besoins alimentaires. Cet appui m’a beaucoup soulagé », se souvient l’hôte.

A date, le PAM et ses partenaires ont apporté une assistance alimentaire et nutritionnelle d’urgence à plus de 3 845 ménages déplacés internes de la région de Ménaka. Des femmes enceintes et allaitantes ainsi que des enfants âgés de 6 à 23 mois, parfois, issus de ces mêmes ménages ont également bénéficié d’une supplémentation nutritionnelle dans le cadre de la prévention de la malnutrition aigüe modérée.

Cette assistance a été fournie grâce à l’appui financier de donateurs comme la Protection Civile et Operations d’Aide Humanitaire Européennes (ECHO) de l’Union Européenne.

*Nom d’emprunt

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